Erre seule...

C'était un de ces après-midi où les élèves se rendaient en ville. C'était une journée de congé et ils en profitaient pour s'amuser loin de leur lieu d'études. Pourtant, ce n'était pas tous élèves qui allaient s'amuser comme ça. Certains restaient au pensionnat soit parce qu'ils n'avaient plus un sou ou ils étaient seuls. Certains avaient d'autres raisons, mais c'était ces deux raisons principales qui ressortaient le plus souvent. C'était tout de même une belle journée, avec une température agréable, pas trop étouchante, et où le soleil ne se cachait pas derrière les nuages, car il n'y en avait tout simplement pas.

Aujourd'hui l'idée d'aller en ville ne plaisait pas trop à Elizabeth. Elle préférait de loin cette tranquilité en cet après-midi. Il y avait très peu d'élèves qui se promenaient à l'extérieur et les rares qui y étaient, étaient dans un coin, accôtés à un arbre, assis par terre ou bien à l'ombre sur une table de pique-nique.

Elizabeth se promenait régulièrement à l'extérieur. Même si on était habitué à sa présence, on la redoutait, doutant que son humeur saute et change soudainement, sans avertissement. Elle avait cette attitude sûr d'elle et autoritaire qui l'accompagnait tout le temps. Elle regardait en avant, mais en ne sachant pas trop où aller. C'était l'une des rares fois évidemment. Le sentier de gravier la guiderait se dit-elle. Il finira bien par l'amener quelque part.

Bien que la chaleur était supportable, une petite brise venait adoucir encore plus l'atmosphère, emportant au passage les cheveux ébène de la jeune femme. Elle ne marchait pas trop rapidement. Elle profitait en fait de la solitude qui l'habitait. Parfois, elle regardait autour d'elle. Les regards qui s'étaient posés sur elle cessèrent de la regarder de peur de subir la rage d'Elizabeth.

Elizabeth portait une de ses camisoles noires décoltées et des jeans relativement décontractés, mais tout de même qui lui donnait un air sophistiqué. Elle portait un bracelet or au poignet et elle avait mis ses mains dans ses poches, montrant encore plus son errance. Elle marchait la tête haute et un regard déterminée. La Elizabeth habituelle quoi!

C'est alors qu'elle entendit des bruits de pas. Des pas hésitants auxquels elle ne fit pas trop attention. C'était une nouveauté. Quelque chose qui ne la dérangeait pas. Enfin, elle se dit que le sentier de gravier ne lui appartenait pas après et que n'importe qui pouvait marcher dessus. Son nom n'était pas marquer. Elle laissa ses propres pas l'emporter...

Elizabeth resta surprise et surtout bouche bée lorsqu'elle entendit un petit «Bonjour!» innocent. À la première entente, elle n'y porta pas trop attention, pensant que la jeune fille, car la voix provenait d'une fille, s'adressait à une de ses amis. Elle continua sa route en marchant lentement, mais regarda en arrière pour apercevoir le visage de la jeune fille qui avait osé lui adressé une parole. Il n'y avait personne autour. Elle en déduit que c'était elle.

Elle se retourna complètement, comme enragée, mais gardant son air surpris à l'intérieur. Elle s'approcha de la jeune fille et la dédaigna de haut. Elle haussa un sourcil, le gauche pour être plus précis, et sortit ses mains ses poches. Elle posa une de celles-ci sur sa hanche et dévisagea la jeune fille qui était assise par terre.

''C'est à moi que tu parlais?''

Dit-elle froidement à la jeune fille.

Elizabeth était restée sur le chemin de gravier blanc. Alors qu'elle attendait une réponse quelconque de la part de son interlocutrice, quelqu'un la percuta de plein fouet. La personne qui l'avait heurté tomba par terre, mais elle, elle garda l'équilibre et regarda le jeune homme qui semblait embarassé. Elle soupira et roula ses yeux.

*Qu'est-ce qu'ils ont ces jeunes aujourd'hui? L'une me parle et l'autre me rentre dedans. Non, mais!*

Elle regarda le jeune homme qui se releva et s'excusa en lui demanda si elle allait bien. Elle ne porta pas attention à la jeune fille et continua de fixer le jeune homme. Il lui avait parlé sur un ton plutôt amical, un ton auquel Elizabeth n'avait pas l'habitude d'entendre à son égard.

''Je n'ai rien! Par contre, regarde où tu vas la prochain fois Helies! Bien qu'on soit dans la même classe, cela ne te donnes pas le droit de me foncer dedans et d'espérer que je sois compatisante avec toi!''

Lui lança-t-elle sèchement.

Ludwig, roulant des yeux et croisant les bras, écoutait la jeune femme rouspéter... Franchement, quel carractère de cochon celle ci ! Il ne l'avait pas fait exprès de un, et de deux, il s'était poliment excusé... Pas de quoi fouetter un chat. Pour lui, ce genre de comportement état plus ridicul qu'autre chose... Il n'était certes pas l'homme le plus poli au monde, mais il y avait tout de même des limites. Disons qu'avec les gens de son âge, il était relativement poli. Mais était habitué à ne recevoir aucun respect des adultes, il était presque irrespecteux avec eux, principalement en cours, où il faisait sanc cesse le pitre. Il avait voulu se montrer amical, et il s'était fait jeter... Il n'était pas vraiment habitué à cela. Mais finalement, cela ne le gênait pas plus que cela... Il était seul depuis son arrivée, cela ne semblait pas vouloir changer, point final.

Il se tourna vers Kayako, avant de faire une théâtrale révérence, tout en lui disant :

-Jeune demoiselle bonjour.

Il l'avait remarqué depuis le début, mais il était trop occupé à se faire engueler pour pouvoir la saluer. Il soupira alors, avant de poser son regard sur la jeune fille brune. Pas qu'il avait peur d'elle, lon de là, mais il n'avait pas vraiment envie qu'elle continue de râler comme cela. Aussi, il se dit qu'autant ravaler sa fièrté quelques minutes, comme ça, il serait tranquil plus tard. Il dit alors :

-Ravi que tu n'ais rien alors...

Il ne savait pas vraiment quoi ajouter d'autre... Il pouvait dire "il fait beau aujourd'hui non", mais ce n'était pas vraiment le genre de personne avec qui parler de la pluie et du beau temps était agréable... en fait... Ce n'étaut jamais agréable. C'était juste ce que l'on faisait quand on avait rien à dire.

-Je sais que c'est ma faute... Mais je pense pas que cela soit une raison pour qu'on s'engueule alors que ca fait 5mn qu'on se parle, tu penses pas ? Je te demande pas une amitié, je ne demande qu'une relation sans emmerde avec les gens de ma classe...

Elizabeth regarda la jeune fille qui lui s'était levée et qui lui avait parlé plus tôt. Celle-ci lui parla et Elizabeth la dévisagea.

''Eh bien, je m'appelle Elizabeth Levy et la politesse...euh...connais pas. Ce n'est pas ma meilleure amie pour être honnête avec toi!''

Dit-elle sur un ton touchant à de l'ironie. Elle continua de regarder la jeune fille un instant. C'est alors que le jeune homme sortit de l'ombre et se mit à parler lui aussi. Il fit un révérance à la jeune fille et Elizabeth roula ses yeux en tournant la tête, comme ennuyée. Elle regarda finalement le jeune homme qui s'adressa à elle. C'est vrai qu'elle aurait pu être gentille pour une fois et dire que ce n'était pas grave, mais hélas, elle n'était pas comme ça. On pouvait penser n'importe de son caractère, elle s'en fichait. Elle avait toujours agi ainsi et elle ne changerait pas parce qu'on le lui a demandé poliement.

Elle sortit un sourire ironique et regarda le jeune homme.

''Oh,mais je suis désolée!''

Dit-elle sarcastiquement, puis elle reprit sur un ton plus ferme, mais en gardant toujours ce brin d'ironie.

''Mais je ne supporte pas qu'on m'embête comme ça. Il aurait fallu une approche moins...percutante, si tu vois ce que je veux dire, si tu voulais que nous ayons que «relation» comme tu dis.''

Elle soupira un coup et croisa les bras en alternant sur regard sur les deux personnes présentes. Puis, elle ajouta en s'adressant au jeune homme.

''Tu dois bien me connaître après tout, Helies! Depuis le temps qu'on est dans la même classe...''

Dit-elle.

Décidément, elle était d'une humeur particulièrement massacrante. Bien sûr, elle ne pouvait tout de même pas se promener avec une affiche indiquant de ne pas lui parler! C'était trop ridicule. Bien qu'Elizabeth était toujours comme ça, aujourd'hui, elle aurait plutôt voulu la paix. Déjà que le trois quart du pensionnat errait dans le centre-ville, la jeune femme s'attendait alors à ce qu'on ne la dérange point. Par conséquent, elle s'avoua, même si c'était difficile pour elle, qu'elle n'aurait pas dû monter sur ses gonds lorsque le jeune homme l'avait percuté sans le faire exprès. De plus, il était dans la même classe. À présent, elle se dit qu'elle n'aurait pas dû réfléchir ainsi. Pour ce qui est de la jeune fille, peut-être aurait-elle pu simplement lui répondre un simple «bonjour» elle aussi. Mais non, pour la dernière option, Elizabeth avait agi selon sa nature.

Le jeune homme, qui s'appelle Ludwig Helies, lui aussi en terminale, lui donna un conseil sur un ton se voulant presque sympathique. Elizabeth fronça les sourcils tout en gardant les bras croisés.

''Je n'ai jamais traité quelqu'un de merde! Personne ne l'est d'ailleurs. Seulement, je croyais que j'aurais été tranquille aujourd'hui étant donné que le trois quart des pensionnaires sont en ville. Je n'ai pas souvent la chance de me promener, seule, avec tranquilité...''

Lui dit-elle en toute honnêté. Elle lui parla sur un ton jouant entre sa furie et son enthousiaste à l'idée qu'il y avait peu d'élèves cet après-midi au pensionnat.

C'est alors que Ludwig alla vers la jeune fille qui s'appelait en fait Kayako. Elizabeth les regarda. Contre toute attente de sa part, son air changea. Ses sourcils se défronçèrent et la furie dans ses yeux disparurent. Elle baissa son regard et regarda ses pieds. Elle se ressaisit un instant, ne voulant pas que l'on voit sa détresse et son appel à l'aide. Oui, sa détresse. Trop longtemps on avait eu une opinion sur cette Elizabeth méchante, trop longtemps on avait amplifié et redouté sa réputation. Personne ne s'était réellement demandée pourquoi elle agissait ainsi. Personne...pas même ses parents. Ah ses parents! La source du problème.

Enfin, Elizabeth secoua la tête et reprit son air habituel. Elle regarda les deux jeunes gens.

''Bon eh bien...je vais vous laisser. J'ai d'autres chats à fouetter!''

Elle leur jeta un dernier regard et se retourna sur ses talons. Elle commença à marcher sur le sentier de gravier. Par contre, elle n'avait pas la tête haute, comme à l'habitude. Elle avait plutôt la tête baissée, plongée dans ses pensées et dans son passé...