Il était une fois...

Elle ferme les yeux, et imagine. Tout ce monde disparaît dans un éclat de lumière. Seule, dans le ciel, danse la Lune. Le monde se tait, enfin.

Mais la réalité n’est pas la même, comme toujours. Autumn marche, dans cette rue bombé, où il y a plus de gens sur les trottoirs que sur la voie. Les gens sont difficiles à esquiver, aussi ne fait t’elle pas d’effort. Elle avance, bousculant toute sorte de gens à son passage, leur marchant sur les pieds –l’inverse serait étonnant-. Sa patiente est mise à rude épreuve. Lasse de toute cette foule, en cette journée d’été, à midi, elle tourne dans une petite ruelle voisine plus calme, cachant des magasins dans lequel se pressent des jeunes filles en minijupe rose à fleur.

Elle laisse les talons de ses hautes bottes noires claquer sèchement contre le sol, tandis qu’elle observe les alentours. Que fait t’elle là ? Excellente question, cependant sans réponse. C’est l’histoire d’une fille qui s’ennuie en se réveillant le matin, qui enfile un baggy et un débardeur, et part se promener jusqu’à pas d’heures. Elle déteste s’ennuyer, mais sait qu’il ne reste que quelques jours avant que le Jeu ne commence. À cette idée, un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Pour le moment, la demoiselle est calme. Elle aurait presque pu être innocente…

Il y avait foule ce jour là en ville, c'était incroyable... On se serait cru à Paris sur les champs Elysée, le jour du défilé du 14 juillet... en pire... La rue était noire de monde, la plus part des gens bousculaient, crognaient, etc... Mais il y avait toujours un marginal pour se faufiler à travers tout le monde en passant son temps à dire :

-Pardon, excusez moi, pardon, oh désolé, pardon, pardon etc...

Mine de rien, avec la politesse, il avancait plus rapidement que les autres... C'était d'ailleurs pour cela qu'il l'employait. Les grognons ne se rendaient pas compte que leur comportement ne faisait qu'ennerver les gens, et leur donner l'envie d'encore plus obstruer leur chemin.

Ludwig remarqua une petite rue, un peu plus tranquille que la rue principale. Il s'y glissa, et soupira, avec une sorte de petit sourire de satisfaction. Ah bah, la prochaine fois, il attendrait le soir pour venir acheter ses réserves de cigarette. On ne pensait pas comme cela... La ville semblait petite et peu animée, mais en fait, elle était relativement bondée ces jours ci.

Remarquant sur le sol un collier, en pierre Bleu, juste à coté d'Autumn, il se dirigea vers la jeune femme, la saluant poliment, et lui disant :

-Mademoiselle, y'a un bijou par terre. C'est à vous ?

Mademoiselle ? Autumn pose s’arrête et fixe son regard dépareillé sur le jeune homme qui vient de lui adresser la parole. Un oeil doré, un œil blanc. En général, les personnes détournent la tête pour ne pas les voir… Un bijou, par terre ? La demoiselle en question hausse un sourcil, et regarde au sol. En effet. Mais pourquoi lui demandait t’il si c’était à elle ? Que pouvait t’il bien y trouver d’intéressant ? Elle repose son regard sur lui, et répond comme si c’était d’une évidence qu’il était stupide de ne pas remarquer.

« C’est du bleu. »
Bravo, Autumn, c’est… Du bleu ! Pourtant, cela devait suffire. Rien qu’à la voir, on peut aisément deviner qu’un collier bleu n’aurait pas été adapté. Il jugerait avec ses cheveux d’un rouge sombre… Comme pour elle-même, la demoiselle hausse les épaules, comme pour chasser toute problématique. Pourtant, elle ne peut s’empêcher de lui demander…

« Vous êtes de ceux qui se plaisent à être sympathique ? »
Sa voix comme ses propos résonnent comme ceux d’une enfant d’une dizaine d’année. Et c’est sûrement ce qu’elle est. Mais Autumn attend une réponse sérieuse, malgré tout. De toutes façon, si cette personne ne l’intéresse pas, rien ne l’empêche d’en faire ce qu’elle veux… Après tout, la ruelle n’était t’elle pas vide ? Ou presque…

Quoi ? BLeu ? Bah... Cool... C'est vrai que c'était bleu... Mais ce n'était pas une réponse. enfin pas le genre de réponse que le jeune homme attendait en tous cas. Il se baissa, pour rapasser l'objet. Ce n'était pas un bijou fantaisie... Il fut assez impressioné de constater que la pierre semblait être une pierre précieuse, et non une immitation. en même temps, il ne s'y connaissait pas vraiment... Mais le toucher était tel qu'il voyait bien que cela n'était pas quelque chose qu'on a pour deux euros dans un distributeur pour gosse en tous cas.

Il regarda la pierre fixement, interdit, puis, il releva le regard vers la jeune femme, et bafouilla ces quelques mots :

-Beuh je... C'est... C'est bleu, j'avoue... Mais c'est à vous ?

Si ce n'était pas à elle, il ne voyais pas vraiment ce qu'il pourait en faire... Il n'allait quand même pas le laisser là en pleine rue, alors que cela semblait avoir de la valeur, mais il n'allais pas non plus se balader avec ça autour du cou... Ce n'était pas tout à fait son... Style...

-Moi ? Bah je... Je sais pas... Non enfin si peut être je... Je voulais juste vous rendre ceci, si c'est à vous quoi...

Il était assez perplexe devant le comportement de la jeune femme, et cela le déstabilisait. Il ne savait pas comment réagir. Etait elle de mauvaise humeur ? Etait ce son état normal ? etait elle juste un peu maladroite dans ses propos ? Il n'en savait rien...

Autumn le suit du regard. Si ce n’est ni à elle, ni à lui, alors pourquoi le ramasse t’il ? À la demoiselle, il lui semble qu’il est impressionné par la pierre bleue du bijou, et est assez perplexe… Ce sont ces affaires. Et voila qu’il se met à bafouiller… Tient, lui aussi remarque que c’est bleu. Nous sommes donc en présence de deux personnes très perspicaces… Lasse, elle s’adosse au mur de la ruelle, sans quitter le jeune homme des yeux. Si c’était à elle ? Elle n’avait pas été assez claire ?

Puis il lui sort sa seconde réplique. Elle parait difficile aux yeux d’Autumn, qui le regarde d’un air curieux. Il avait quoi ? Pour commencer, c’est simple : les gens ne lui adressent jamais la parole, et elle s’en accommode. Les seuls qui s’y osent, ce sont pour se moquer de la demoiselle, et tenter de l’écraser… Tenter… Alors pour lui, il vient se taper la discussion ? Ca y est, Autumn est perplexe… Ca ne lui arrive pas souvent… En revanche, il se peut qu’elle se fasse un film sous peu…

« Non… »
Un petit merci, quand même, non ? Non… La demoiselle le détaille… Et s’il était venu dans l’intention de l’attaquer, comme tous ces gamins insolents qui se baladent dans les petites ruelles par bandes de vingt pour se taper quelqu’un, un punk ou un gothique ? Elle laisse ses pensées défiler, s’envoler au rythme du vent, si léger en ce milieu de journée, et ne lui accorde plus beaucoup d’attention… Comme d’habitude... Avant de lacher..:

« Mais pourquoi vous en occupez-vous ? »

Non... Bah au moins, cela avait le mérite d'être clair. Et cela ne voulait pas seulement dire "non ce n'est pas à moi", mais aussi "je fais des réponses courtes histoire de ne pas entamer la conversation". Il haussa des épaules, avant de dire d'un ton pas vraiment très convainquant :

-Bon bah désolé du dérangement...

Il se retourna ensuite, près à continuer son chemin, quand Autumn l'arrêta de ses paroles. Il se tourna donc à nouveau, pour être face à elle. Il regarda alors le bijou dans le creux de sa main, pensivement, puis, posant à nouveau son regard sur la jeune femme, il répondit :

-Pour... Pour rien. Juste que je ne pense pas qu'on ai envie d'éguarer ça... alors si ca avait été à vous, je pense que la moindre des choses c'était de vous prévenir... Enfin bref.

Il remarqua alors que les yeux de la jeune delle étaient de couleur différente. Cela le surpris légèrement, mais les yeux vérons n'étaient tout de même pas des curiosités non plus. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait quelqu'un avec des yeux comme cela. Cela surprenait certes un peu sur le coup, mais au final, ce n'était qu'un détail. Ludwig n'était pas fan, mais cela ne le dérangeait pas.

Puis, regardant encore une fois l'objet, il haussa des épaules, avant de le tendre vers la jeune femme, qui en aurait surement une meilleur utilité que lui. D'une voix indiférente, il lui demanda :

-Vous le voulez ?

Autumn lève les yeux au ciel, et écoute le bruit des passants qui passent. Il s’excuse. Elle ferme les yeux. Pourquoi est t’il comme ça ? Il n’avait pas trop l’air normal. Si toutefois on voit un truc par terre, on l’y laisse… Où on le prend, si l’objet en question est intéressant… Et on le revend. Elle le sent plus qu’elle ne le voit, il s’éloigne, il revient… Et en tant que personne qui ne côtoie jamais personne, Autumn ne sait pas pourquoi. D’ailleurs, ce mot trotte dans sa tête et la nargue méchamment, si bien qu’elle n’a qu’une envie… Partir… Et rester.

Pour rien. Bien. Il a sûrement compris à quoi cela lui mène… Ou tout du moins est-ce ce que suppose la demoiselle. Elle repose ses yeux sur les sien, tentant de lire au-delà des apparences. Le regard était une porte sur la pensée des gens, et trahissaient mieux que tout autre chose… En ce qui concernait Autumn, ils caractérisaient bien sa division… Ses yeux glissent sur lui, pour observer encore une fois l’objet. Si elle le voulait ? Pourquoi ? Souhaitant clore le sujet du bijou, elle le prend. Dit merci, Autumn. Seul dilemme… Elle n’avait pas ce réflexe. Il ne le faisait sûrement pas dans une attitude de gentillesse, et quand bien même ce serait le cas, cela n’aurait pas touché le moins du monde la demoiselle.

Il va partir. Cela semble évident à la lycéenne. Il va s’en aller, et elle reprendra son chemin. Elle marchera jusqu’à la fin de la soirée. Elle ira choper un ou deux gamins isolés, histoire de s’occuper un temps. Et en rentrant, elle allait barrer un autre jour de son calendrier, se rapprochant dangereusement de la date en rouge qui la faisait tant frémir d’impatience. Une journée comme les autres. Quoique… Peut-être que si elle décide de faire un effort… Ce qu’elle aimerait bien, si toutefois elle n’était pas si… Fermée ?

« Je… »

Je ? Oui, bon début de phrase, mais cela ne suffit pas. Et pourtant. Pour une fois qu’elle ouvre la bouche sans fournir de réponse, ou sans en attendre… Je… Et puis que dire à un inconnu, totalement différent dont elle ne sait rien ? Qu’elle ne comprend pas sa façon de se comporter ? Qu’elle s’ennuie et voudrait au moins une dernière fois parler à quelqu’un sans que ça finisse mal… Quoiqu’avec elle c’était dur. Quelques mots pourtant lui viennent à l’esprit…

« … Vous remercie. »

Attention, effort intense fourni là… Elle venait de le remercier pour le collier, bien qu’elle se demande encore pourquoi…

Ludwig arca un sourcil. Ce n'était pourtant pas si compliqué de dire merci, mais cela semblait être un vrai suplice pour elle... Ok, il y avait pas mal de gens mal lunés sur cette planète, mais quand même pas au point de manquer de pondre un oeuf à chaque fois qu'ils disent merci... Pour lui, c'était spontanné. A force d'entendre toutes ces critiques "les jeunes d'aujourd'hui...", il faisait preuve de beaucoup de politesse, sauf en cours, histoire de "conjurer" le mauvais sort. Sauf que ca ne marchait jamais... Quoi qu'il fasse, les adultes, bien qu'il en soit lui même légalement un, avait un problème avec ce garçon... enfin c'était surtout quand il habitait en Allemagne. Ses parents qui connaissaient la moitié de la cité, qui passaient leur temps à se pleindre de leur fils turbulant, et à se vanter de leur ainé si tout bien comme il faut...

Il haussa encore une fois les épaules, et dit d'une voix indifférente :

-Bah de rien...

Puis, il tourna les talon, s'apprétant à s'en aller, mais juste avant de commencer à s'éloigner, il tourna légèrement la tête, pour appercevoir la jeune femme derrière lui.

-Et au plaisir...

Il s'éloigna ensuite, reprtant dans la foule dense. Il se dirigeait vers le penssionnat, puisqu'il avait maintenant ce qu'il était venu cherché en ville.